Le Djinn du désert tunisien

 « Il n’existe pas une émotion plus grande que l’entrée dans le désert. » (J.M.G. Le Clezio).Je pourrai continuer en disant que le désert a une magie qui fait possible avoir une intense émotion chaque fois qu’on y entre.

Peut être parce que le désert offre toujours autre chose et surprend. Si je projette dans la vie quotidienne la relation personne-désert je dirai qu’il faudra être l’exemple d’une relation parfaite de couple ; une relation durant laquelle les deux se réinventent toujours. La monotonie est remplacée par la surprise et la revue est une occasion pour avoir des papillons dans l’estomac. 

Je ne crois pas qu’il peut exister une personne passionnée des voyages, des livres et de la vie sans aimer le désert si elle a eu celle belle rencontre avec lui. Je dis belle parce que le désert ne signifie pas seulement une excursion minimaliste, occasion pour voir quelques petites dunes de sable et une promenade courte au dos de chameau…

Mais c’est mieux de vous raconter qu’est ce que ça signifie le désert et peut être vous allez avoir au moins une racine de passion qui bien cultivée peut devenir quelque chose de merveilleux. L’expérience dont je vous parle est liée du Sahara du côté tunisien. Les merveilles ont été très bien partagées dans ce monde et malgré le fait que la Tunisie détient seulement une petite partie du Sahara par rapport aux ses voisins, le Créateur s’est préoccupé qu’elle soit magique, la plus accessible du point de vue touristique, de telle manière qu’elle soit la joie des yeux et de l’âme pour que les gens racontent et ainsi que le « djinn » du désert soit heureux. 

Toute histoire commence avec une introduction donc l’histoire du désert tunisien commence avec la route vers la mer de sable qui a suscité et continue à le faire, l’imagination des écrivains et des artistes depuis la nuit des temps et jusqu’à nos jours. 

Le premier pas : le soir on fait un bagage léger qui doit contenir pendant l’été : des vêtements très légers en couleurs claires de préférence lin en/ou coton, une casquette, une crème au facteur de protection, lunettes de soleil, sandales et bien sur l’appareil photo sans lequel l’expérience sera comme un « musical sans » musique.

Le matin on monte dans un 4x4 avec l’idée que le soir on va dormir dans le désert, une notion qui effraye la plupart des personnes parce qu’ils ne savent pas à quoi s’attendre. Mais je crois que justement cela est la beauté…S’il n’y aura plus le mystère on n’aura plus la relation parfaite dont je disais au début n’est ce pas ? La première partie du chemin est verte pour que le paysage change après dans un aride et rocheux. C’est la zone sous désertique qui est à la base de l’Afrique. Et je dis cela parce que la région de Matmata (faux associée avec les troglodytes de la Turquie) est celle qui a donné tout d’abord un nom à la région qui englobait le nord de la Tunisie et l’est de l’Algérie-Ifriqiya et par la suite-au continent. Voilà la vraie histoire : les berbères, les habitants des maisons crevées dans la roche de Matmata étaient nommés « ifri » à l’antiquité par Hérodote ; à partir de ce nom les grecs ont baptisé la zone Ifriqiya ; le nom a été par la suite transformé par les romains en Africa.

Vers fin de l’après midi déjà on commence sentir que CE moment s’approche et on se demande comment il va nous regarder, comment sera l’atmosphère, comment on va le regarder, où il va nous inviter…Des questions légitimes pour cette « blind date ».

La première vue est une émotionnante : lui est vivant, sublime…il est plus qu’on avait imaginé, il a des harmonies parfaites, des couleurs merveilleuses, aux tonnes de beige jaunâtre jusqu’au ocre et d’orange jusqu’au rouge, selon la lumière. Lui a un nom exotique, Ksar Ghilane, est plus âgé et se veut découvert. Moi je veux le comprendre, je suis curieuse.

Le premier soir me surprend avec un coucher de soleil venant des contes : le soleil rougeâtre descend doucement vers le sable et se laisse couvert par les dunes ; le silence est total comme s’il a compris qu’on ne peut pas le regarder autrement. Il faut lui accorder toute l’attention…Les dunes sont spectaculaires, parfaites comme si quelqu’un les a modelé avant l’arrivée des gens, froides au premier contact mais si on s’enfonce les pieds nus elles brulent après la chaleur accumulée pendant la journée. Le soir ne pouvait pas finir autrement : du pain cuit dans le sable. Elle est sensationnelle et ne peut pas être égalée. Un dernier thé à la menthe savouré sur la sable, à la lumière des bougies et la préparation pour le sommeil…Mais même le sommeil ne veut pas venir. On s’est dit bonne nuit et j’ai resté avec la pensée là bas, sur les dunes. Demain est une autre journée et lui il sera toujours là. 

L’aube et autant de surprises. Pour nous mieux connaitre LUI a envoyé son ami-le dromadaire qui m’amènera dans la profondeur du désert. C’est étrange de confier la vie à un dromadaire et pourtant il connait le chemin, il offre confort même quand il monte ou descend les dunes et il est tellement calme qu’il chasse tout souci et il te laisse une seule activité : contempler. Où on regarde seulement des dunes de sable et ici et là des herbes alfa. Les dunes de sable changent de lieu selon le vent comme si le désert doit être toujours différent pour chaque rendez-vous…Et il est !

J’ai eu la chance de le découvrir et le redécouvrir tant de fois ! On s’est vu pour la première fois un soir de mai et depuis on a continué de se rencontrer. Pendant l’été au 50 dégrées quand il brule et il t’étouffe et on aimerait s’échapper mais il est tellement parfait qu’on ne peut pas lui résister ; pendant l’hiver quand les nuits sont froides mais un feu réchauffe même les cœurs et non seulement l’atmosphère ; quand il était gai et enjoué mais aussi pendant ses moments de nervosité quand il ne voulait pas être vu ! Il commençait alors une tempête qu’on ne pouvait pas voir à quelques mètres devant nous et il était impossible d’utiliser l’appareil photo pour ne pas le détruire et on avait du sable partout.

J’ai resté au milieu de LUI dans des tentes confortables avec toutes les facilités de la vie moderne mais aussi dans des tentes improvisées des couvertures en poil de chameau (qui est imperméable) et dans toutes les occasions je me suis senti également en sécurité. J’ai vu des couchers de soleil et des levées de soleils spectaculaires qui pourront attirer l’envie de tout photographe passionné et j’ai même pu sentir quelques gouttes de pluie qui en tombant sur le sable laissaient des petits trous qui transformaient le paysage dans un tissu « polka dots ». 

Le désert est un endroit fascinant où le temps n’a plus de mesure et l’imagination et les émotions sont stimulées. Il n’y a pas une description du désert. Il est comme chacun le voit selon l’ouverture qu’il a et selon la participation affective qu’il se permet. Pour toutes les expériences merveilleuses dont il m’a offert à travers le temps, le désert restera toujours cet endroit « à moi ». Je dis « à moi » parce que d’une perspective personnelle et subjective, personne ne l’a découvert comme moi ; pour moi il est le mien, pour quelqu’un d’autre est le sien jusqu’à ce que nous, les « explorateurs » on disparaisse mais LUI garde toutes les expériences humaines auxquelles il est venu en contact avec. Maintenant dites-vous…si ce n’est pas de magie alors quoi ? 

Irina Gros