Haouanet, les grottes souterraines de la Tunisie

Très répandues en Afrique du Nord, les « haouanet » forment une catégorie de monuments funéraires libyco-numides. Ce qu’il faut rappeler est le fait que les grottes artificielles, « domus » ou « casa » portent en Tunisie des noms différents : « hanout », « ghorfa » ou « biban ».

Le terme « hanout », au pluriel « haouanet » signifie en arabe boutique ou taverne. Le mot « ghorfa » désigne une chambre voûtée tandis que « biban » signifie portes ou des voies d’accès repérables de loin.

Ces chambres funéraires sont visibles dans les sites qui se trouvent près de la mer, dans la région du Cap Bon, les iles et les archipels près du littoral : La Galite, Djerba, Kuriat. Mais on les trouve également dans les régions relativement loin de la mer au nord ouest et nord est comme dans les montagnes de la zone de Teboursouk, Toukabeur, Zaghuan ainsi que dans les régions Mateur et Sejnane. L’importante concentration des haouanet dans le voisinage de la mer indique l’appartenance à un phénomène méditerranéen tant que ces structures sont connues en Sicile, Sardaigne et Minorque. L’introduction en Afrique du Nord remonte à l’époque du bronze.

Pour mieux comprendre ces grottes souterraines 

Les haouanet sont des chambres creusées dans la roche au flanc des collines ou au bord des cours d’eaux. Formées d’une ouverture d’accès et de la chambre funéraire proprement dite, elles peuvent comprendre certains aménagements : des banques, une niche. Leur dimension varie mais en ensemble sont petites entre 4 et 8 m² conçues pour recevoir 2-3 squelettes maximum, rarement un seul. L’âge de ces sépultures ainsi que la durée de leur utilisation restent difficiles à cause des agressions à travers le temps, agressions facilite par le fait d’être visibles et facilement accessibles.

L’intérêt pour ces espaces funéraires réside aussi dans le décor qu’elles abritent. L’étude du décor mural et architectural de ces petits hypogés montre l’utilisation des éléments appartenant à un répertoire local ancien et en même temps des prêts des autres civilisations. Les motifs géométriques simples, dont nombreux sont utilises souvent dans le céramique modelée local, ainsi que des représentations des animaux ou des scènes de la vie quotidienne comme le travail ou la chasse, figurent dans les peintures et les gravures rupestres antérieures à l’arrivée des phéniciens.

D’origine sémite sont les motifs comme le signe de Tanit, le mausolée et le coq, image de l’âme du défunt, évidemment inspirés de l’eschatologie phénico-punique. L’éclectisme apparait aussi dans le décor architectural réalisé avec des colonnes et des capiteux doriques, ioniques ou égyptiens ainsi que d’autres détailles d’ornement qui montrent le prêt des éléments égyptiens et surtout hellénistiques. 

Irina Gros